lyrik online stellt vor — the international poetry connection presents

Aloysius (Louis) Bertrand
Ceva (Piemont) 20.4.1841 - Paris 29.4.1841

Sein Vater stammte aus Lothringen, diente unter Napoleon I. als Offizier in Italien
Mutter: Italienerin
1814 nach Frankreich, Schule in Dijon
1826-28 öffentlicher Vortrag von Prosastücken, «bambochades» (Genreszenen)
1833 Paris
stirbt arm und krank im Hôpital Necker
Mit Bertrand erste Anfänge der «poème en prose»:
Anreger von Baudelaires «Petit poème en prose»
Das folgende Gedicht  findet sich in
«Gaspard de la Nuit. Fantasies à la manière de Rembrant et de Callot»
1842

Un Rêve

«J'ai rêvé tant et plus, mais je n'y entends note. »
Pantagruel, Livre III

Il était nuit. Ce furent d'abord, — ainsi j'ai vu, ainsi je
raconte, — une abbaye aux murailles lézardées par la lune,
— une forêt percée de sentiers tortueux, — et le Morimont
grouillant de capes et de chapeaux.

Ce furent ensuite, — ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, —
le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les san-
glots funèbres d'une cellule, — des cris plaintifs et des
rires féroces dont frissonnait chaque feuille le long d'une
ramée, — et les prières bourdonnantes des pénitents noirs
qui accompagnaient un criminel au supplice.

Ce furent enfin, — ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte,
— un moine qui expirait couché dans la cendre des agoni-
sants, — une jeune fille qui se débattait pendue aux bran-
ches d'un chêne. — Et moi que le bourreau liait échevelé
sur les rayons de la roue.

Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de corde-
lier, les honneurs de la chapelle ardente, et Marguerite,
que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe
d'innocence, entre quatre cierges de cire.

Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup,
brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs
s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était
écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, — et je
poursuivais d'autres songes vers le réveil.

.
^up zurück zu lyrik online >